Université

Nouvelle formule pour les Travaux pratiques

Autorisés par le rectorat car non transposables en cours virtuel, les Travaux pratiques (TP) continuent à se dérouler, dans des conditions sanitaires strictes. Une bouffée d’air frais, aussi bien pour les étudiants que pour les enseignants. Reportage à la Faculté de pharmacie.

En blouses blanches, lunettes de sécurité sur le nez, huit étudiants de deuxième année de licence de pharmacie* se concentrent sur leur paillasse. Objectif de la matinée : mélanger poudre et principe actif, puis en remplir des gélules « en conformité avec les recommandations de la pharmacopée européenne », leur explique Nicolas Anton. L’enseignant-chercheur leur montre la marche à suivre sur un gélulier. « Approchez-vous… mais pas trop ! »

Pas facile de jongler avec toutes les consignes sanitaires… « Mais dans l’ensemble, ça se passe bien ! » Toutes les précautions ont été prises pour qu’aucune contamination ne puisse être imputée aux cours en présentiel : mise à disposition de gel et de masque, ouverture des fenêtres – « ce qui fait qu’on n’a pas très chaud ! » – et positionnement des étudiants en quinconces et seuls sur une paillasse, alors qu’ils la partagent normalement à deux ou trois.


Calculs d’apothicaire


Une réduction drastique des effectifs, qui n’a pas été sans réorganisations pour l’équipe pédagogique. « Les groupes ont été totalement repensés, divisés en sous-groupes pour que les séances se déroulent à dix élèves maximum. » De vrais calculs d’apothicaire… « Nous avons aussi dû choisir quelles manipulations leur montrer, car il a fallu réduire le nombre de séances de sept à cinq. » L’évaluation finale transformée en une séance de pratique, « nous avons aussi dû adapter nos modalités d'évaluation ». En fin de TP, ils ont la consigne de réaliser chez eux leur compte-rendu de séance, contrairement aux autres années où ils travaillaient en groupe en bibliothèque. Le matériel commun est régulièrement désinfecté.

Entre les mortiers et pilons en porcelaine, les balances, les machines d’instrumentation (infrarouge, fluorescence, chromatographie) et tous les ingrédients nécessaires aux préparations, le matériel est omniprésent dans la formation des futurs pharmaciens. Ce qui leur permet aujourd’hui de continuer à suivre certains cours à la faculté… « Les TP nécessitent généralement un matériel que l’on ne peut demander aux étudiants d’acquérir », expliquait Benoît Tock, vice-président Formation dans le dernier numéro de L’Actu. Le maintien « de la centaine de modules de TP à l’Unistra » a donc été autorisé par le rectorat, à condition de respecter 8 m2 de surface minimum par étudiant dans les locaux.

« En distanciel, on perd le fil »

Une possibilité de lever le nez de l’écran appréciée à sa juste valeur. « Même si on est moins nombreux dans les groupes, qu’on peut moins facilement se parler, ça fait plaisir de venir en cours et de voir du monde. Ça cadre l’emploi du temps, et ça fait quelque chose à quoi se raccrocher en dehors des révisions », estime Matthieu. « En distanciel, on perd le fil », complète Zak.

Nicolas Anton veut aussi voir du positif dans la nouvelle situation : « Certes, la réduction des effectifs rogne le nombre de séances, mais on a trouvé un compromis pour que les manipulations vues dans les autres séances se complètent entre elles » – dans les salles voisines, ses collègues supervisent trois groupes d’étudiants occupés aux autres préparations de la pharmacie galénique que ce TP vise à faire acquérir (cérats, émulsions, comprimés…). « On y a presque gagné », abonde de son côté Virginie. L’étudiante apprécie « travailler dans le calme, et avoir davantage accès à l’enseignant » pour ses questions.

Tiffany, de son côté, voit aussi un grand avantage pédagogique au maintien des TP : « C’est sûr que si on n’avait pas pu faire ces séances qui nous apprennent les gestes de base, on aurait été désavantagés dans la suite de notre formation ». Nicolas Anton ne peut qu’être d’accord : « On aurait pu choisir la facilité et basculer les TP en vidéo. Mais rien ne remplace jamais la pratique ! »

Elsa Collobert

* Diplôme de formation générale des sciences pharmaceutiques 2e année (DFGSP2) pour l’intitulé exact

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