Focus

Une UE « langue régionale » pour les futurs professeurs d'Alsace

L’apprentissage de l’allemand et de l’alsacien, compris comme les deux formes de la « langue régionale », est prévu dans le cursus scolaire de tout élève alsacien. Sauf que certains professeurs des écoles en devenir ne le découvrent que très tard dans leur cursus ! Pour y pallier, une Unité d’enseignement (UE) s’adressant à toutes les filières, dès la licence, vient d’être créée.

Les clichés ont décidément la vie dure : « L’allemand est toujours considéré comme une langue difficile à apprendre, contrairement à l’anglais, par exemple, tandis que l’alsacien est souvent perçu comme une langue patrimoniale », constate Pascale Erhart, maître de conférences et directrice du Département de dialectologie alsacienne et mosellane*. Pour faire évoluer ces représentations, la Faculté des langues vient de lancer, en association avec l’Institut national supérieur du professorat et de l'éducation (Inspé), une nouvelle Unité d’enseignement : L’allemand et l’alsacien en contexte professionnel.

L’enjeu est de faire tomber ces barrières psychologiques. Un défi de taille : « Trois heures hebdomadaires d’enseignement-apprentissage de la "langue régionale" (allemand et alsacien) sont au programme de toutes les écoles en Alsace, douze en cursus bilingue. Les professeurs doivent donc être formés à cet enseignement. » Or, bien souvent, cette réalité n’est découverte qu’une fois passé le concours pour intégrer le master Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation (Meef), pour ceux qui seront amenés à enseigner dans la région. « Et alors, difficile de combler les lacunes en seulement un an. Car dès l’année suivante, les futurs professeurs des écoles se retrouvent en poste lors de leur année de stage », rappelle Pascale Erhart.

L’envie d’apprendre

« Il faut aussi, avant tout, donner envie aux étudiants, professeurs en devenir, d’étudier ces langues, pour qu’ils puissent à leur tour transmettre cette envie à leurs élèves. » L’UE L’allemand et l’alsacien en contexte professionnel s’appliquera donc à « déconstruire les représentations autour de l’allemand et de l’alsacien », à travers des aspects linguistiques, mais aussi civilisationnels. Sans oublier une indispensable dimension didactique : « Il s’agira de montrer comment, concrètement, peut se faire cet enseignement, et de sensibiliser aux passerelles existantes entre l’allemand et l’alsacien, d’une part, et vers d’autres langues, notamment l’anglais, d’autre part. »

Deux groupes de niveau sont prévus : un premier, débutant en janvier 2021, pour les étudiants disposant déjà de notions en allemand et/ou en alsacien (niveau A2 minimum). Au premier semestre de la prochaine année universitaire, 2021-2022, « il y aura un groupe pour les débutants complets ». L’UE s’adresse en priorité aux cursus langue et sciences de la vie, viviers de postulants au professorat des écoles (niveau licence 3). Mais les étudiants de toute licence ayant pour objectif d’intégrer ensuite l’Inspé, pour enseigner en Alsace, peuvent s’y inscrire. En plus du domaine du professorat, cette option « peut être profitable à toute personne amenée à utiliser ces langues en contexte professionnel : tourisme, guide de musée… » Car au-delà, l’enjeu, plus large, est bien de « réconcilier plurilinguisme sociétal et bilinguisme scolaire ».

Elsa Collobert

* Rattaché à la Faculté des langues de l’Université de Strasbourg

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