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Lionel Dietrich, à l'épreuve du feu

Pompier volontaire depuis 18 ans, Lionel Dietrich revient sur les ressorts de cet engagement et la période particulière de crise sanitaire qu’il vient de vivre.

Quand on lui demande ce qui l’a poussé à devenir pompier volontaire, Lionel Dietrich hésite, réfléchit un peu, avant de dire timidement : « J’avais sans doute ça en moi, cette volonté d’aider les autres dans la détresse… » Comme si cet engagement faisait tellement partie de lui-même qu’il ne se pose même plus la question.

« Dès mon plus jeune âge, j’avais cette envie d’être pompier dans un coin de ma tête… » Qu’il concrétise sur le tard, à 30 ans, d’abord au Service départemental d'incendie et de secours (Sdis) 67 du Centre de première intervention (CPI) d’Eckbolsheim, puis aujourd’hui au Sdis 68 au Centre de secours principal à Colmar, où il réside, depuis 2006. « A l’époque, c’est un collègue qui m’a demandé si je ne voulais pas devenir sapeur-pompier volontaire. Je n’avais pas encore rejoint l’équipe de sécurité incendie, à la Faculté de médecine. »

Pour autant, lui qui est aujourd’hui doté de la triple casquette logistique/prévention/maintenance au Service des bibliothèques, tient à bien tracer la limite avec son activité de volontaire. « Sur mon lieu de travail, je ne suis pas pompier. Evidemment, si une personne fait un malaise ou à une détresse vitale, j’interviens ; si un feu se déclare, j’utilise l’extincteur. » Mais être pompier, c’est avant tout faire partie d’un collectif, doté d’un équipement spécifique. A l’inverse, il tient aussi à ce que cette activité n’empiète pas sur son métier. Son temps de volontaire, Lionel le passe essentiellement le week-end, avec une semaine d’astreinte toutes les trois semaines, en dehors des heures de travail. « Alors c’est sûr, quand il faut enchaîner journée de travail et nuit d’intervention, le lendemain au travail, ce n’est pas évident ! Mais ça n’arrive pas très souvent. »

Loin d’être une tête brulée

Calme, posé, le soldat du feu n’a rien d’une tête brûlée. Mais s’il évoque les incendies comme des interventions marquantes, il se souvient aussi avec émotion de sa toute première : « Venir au secours d’une femme qui s’était immolée ». Evoquant sa capacité à « mettre à distance les scènes choquantes des interventions », Lionel reconnaît être davantage sensible à « la détresse psychologique. Forcément, parfois, on ne peut s’empêcher de faire des parallèles avec sa propre vie. Le plus dur, c’est quand des enfants sont impliqués », reconnaît le père de famille.

Dans cette mise à distance, le rôle des collègues est très important. « On décompresse souvent dans le Véhicule de secours et d’assistance aux victimes (VSAV), après une intervention ». Jamais il ne parle de ses interventions « avec des collègues qui n’étaient pas présents, encore moins avec la famille ». Il évoque avec un sourire la vie de caserne : « A Colmar, aucune différence n’est faite entre professionnels et volontaires. On porte tous le même uniforme ». Comme tous réalisent les interventions de A à Z, « c’est important de se maintenir en bonne forme : la préparation physique est intégrée au temps de présence à la caserne, et on dispose de 40 heures de formation par an pour maintenir nos acquis ».

Et la période du coronavirus, comment l’a-t-il vécu ? Lionel en retient surtout «  toute la procédure mise en place : port du masque et des lunettes obligatoires, distances physiques à respecter avec les collègues, désinfection du véhicule après chaque intervention, protocole de "marche en avant" avec lavage des vêtements après chaque intervention Covid-19 ». Car finalement, « nous n’intervenions sur les cas de maladie qu’en relais du Samu-Centre 15. Forcément, avec le confinement, il y avait moins de détresse sur la voie publique. Par contre, dès le déconfinement, on a senti la reprise d’activité ! La solidarité dont ont fait preuve les gens à notre égard, avec beaucoup de dons de nourriture, nous a aussi fait chaud au cœur ! »

E. C.

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