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Cécile Gauby, l’œil aux aguets

Photographe autodidacte et amateur, Cécile Gauby a l’œil aguerri pour reconnaître la beauté dans les moindres parcelles de son quotidien. Rencontre.

Collectionneuse invétérée, passionnée par l’histoire des sciences et des techniques, très sensible à l’art… Cécile Gauby est une femme de passions, qui toutes convergent dans son activité, récemment relancée, de photographe.

Autant qu’ils l’inspirent, ses centres d’intérêt infusent également dans son travail… Prenez sa série de Natures-mortes, où cloches, flacons et inhalateurs en verre sont photographiées en clair-obscur, « à la manière des grands maîtres de la peinture, Le Caravage ou Georges de la Tour », qu'elle admire. Si ces objets ne vous évoquent sûrement rien, pour Cécile Gauby, ils n’ont aucun secret. « J’ai commencé à collectionner le verre toute petite, à la suite de mon père, qui m’emmenait tous les week-ends en salle des ventes. J’ai littéralement passé toute mon enfance à Drouault », se souvient la Parisienne d’origine. Qu’il s’agisse de reconnaître au premier coup d’œil un vase tchèque période fauviste, un tableau de Rubens ou un chapelet en bois de bagnard, Cécile Gauby peut autant compter sur un regard aguerri que sur une solide formation en histoire de l’art et histoire des sciences et techniques.

Fascination pour les progrès de la médecine

Spécialisée dans ce domaine, elle y exerce plusieurs années, dans différents musées français, de Dijon (Musée des beaux-arts) à Mulhouse (Musée de l’électricité) en passant par les Vosges (Musée de la mine de Ronchamp). Autant d’années où la photographie l’accompagne, comme un fil rouge. « J’ai commencé par m’inscrire en club photo, à Montpellier, pendant un an. Mais pour le reste, je suis autodidacte. » Elle retouche d’ailleurs très peu ses clichés, préférant se fier, là encore, à son sens de la composition et du cadrage.

Aujourd’hui chargée de mobilité à la Direction des relations internationales (DRI), Cécile reconnaît bien volontiers l’influence de ses expériences professionnelles passées sur son travail de photographe : ainsi cette photo extraite de la série Organisme, détail macroscopique de la table de son salon, qui lui évoque « une coupe de poumon de mineur ». Passionnée par les progrès de la médecine, matérialisés dans certains objets, Cécile est intarissable quand il s’agit de certaines raretés de sa collection : « Ces cloches de verre soufflé étaient encore très utilisées il y a quelques années, dans les campagne, pour décongestionner les bronches. On les plaçait sur le dos de la personne malade, et on enflammait un bout de coton en-dessous. J’en ai moi-même été témoin, puisque ma grand-mère utilisait ce système ! » Même enthousiasme pour ces bouts de sein en verre, jolie découverte à l’occasion d’une brocante. « Ce sont de véritables témoignages historiques, d’une époque, d’un savoir-faire et de pratiques dont nous avons hérité ! »

« Rendre la vie plus belle »

Car voilà maintenant neuf ans que Cécile Gauby est maman : « Mes priorités ont évidemment été bousculées, et certaines passions mises entre parenthèses. La photographie, je m’y suis remise à la naissance de la petite dernière, Camille, il y a un an. C’est ma bouffée d’oxygène, mon espace de liberté. » Raison pour laquelle elle signe ses photos de son nom de jeune fille, Attalin. A défaut de pouvoir encore arpenter les friches industrielles avec son appareil, Cécile photographie ce qui l’interpelle dans la rue, en allant faire ses courses, ou des compositions surprenantes de son quotidien – porte-manteau saturé, doudou abandonné ou lave-vaisselle béant. « J’ai intitulé cette série Charge mentale ».

Convaincue que « la photo rend la vie plus belle » - raison pour laquelle elle photographie ses collections, trop fragiles pour être exposées dans une maison pleine d’énergie enfantine – Cécile propose depuis peu ses services autour d’elle. Une vue de nuages, prise il y a longtemps à l’occasion d’un voyage en avion, devrait bientôt orner la tête de lit d’une chambre corse. « Je ne veux pas faire de la déco ‘’bête et méchante’’ : j’ai envie de rencontrer les personnes pour savoir quelles sont leurs envies, ce qui les anime. » Passer, de préférence, par le bouche-à-oreille, pour ne pas tomber « dans quelque chose d’impersonnel : c’est aussi pour ça que je pense à me retirer des réseaux sociaux… »

E. C.

[L’article annonçait initialement la dernière exposition de Cécile Gauby à la galerie JBF, à Paris, du 21 mars au 4 avril, reportée en raison de la crise sanitaire actuelle.]

Florilège du travail photographique de Cécile Gauby

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