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« L’impro, c’est un lâcher-prise total ! »

Femme aux multiples casquettes et aux 1 000 vies en une, Diane Breuil est notamment une accro de l’impro, qu’elle pratique depuis huit ans. Elle nous explique en quoi, paradoxalement, cette forme de théâtre « sans filet » lui a permis d’atteindre une forme d’équilibre…

« Le pouvoir de l’imagination est sans limite. C’est la magie que permet le théâtre d’improvisation », explique l’une de ses adeptes à Strasbourg, Diane Breuil. « Le décor, les cheveux, la robe… C’est à nous, les comédiens, grâce à nos attitudes, notre manière de bouger, de donner forme à ce que voit le public. » Une incarnation humaine, végétale, animale, extraterrestre… prend vie en direct, grâce notamment aux tenues neutres arborées par les comédiens. « Si le spectateur garde à la sortie le souvenir d’un chat – par exemple – et non d’avoir vu quelqu’un habillé en noir sur scène, c’est gagné ! »

Gymnastique rythmique au plus haut niveau

Diane Breuil a aujourd’hui fait du théâtre son principal moyen d’accomplissement artistique. Mais c’est d’abord uniquement par le biais de son corps qu’elle a commencé à s’exprimer. « J’ai pratiqué la GR (gymnastique rythmique) de façon intensive et au plus haut niveau jusqu’à mes 19 ans. » A l’aise sur scène, elle sent tout de même qu’il « manque quelque chose : la voix, le texte ». Fille d’un couple de comédiens amateurs, formé grâce au théâtre, elle glisse naturellement vers le répertoire classique (Shakespeare), intègre deux ans une compagnie (les Compagnons de Daoloth, aujourd’hui dissoute), est même tentée un temps par le Conservatoire. Elle monte encore En passant par Vesoul, dans le cadre du festival ThéÂtralis.

Au fil des expériences, celle qui a trouvé sa voie (et sa voix) au théâtre se retrouve dans le milieu de l’improvisation, très développé à Strasbourg. D’abord un an, au Théâtre de l’Oignon, qu’elle intègre sur audition, puis à la Lolita, « maison-mère » de l’impro locale, à partir de 2011. Diane s’épanouit dans ce genre : « Cela permet d’aller encore plus loin que le théâtre classique, où l’on répète pour trouver la juste émotion. Avec l’impro, on se lance sans aucune préparation. C’est pour ça que les interprétations sonnent souvent si juste : les scènes sont jouées évidemment, mais on ne triche pas quand on joue une émotion, on l’a bien souvent déjà ressentie ». Un bel apprentissage « de la mise à distance du regard des autres » et « du lâcher-prise », pour cette maman de trois enfants « plutôt dans le contrôle » dans la vie de tous les jours. « Ça oblige à être totalement dans le moment présent. Impossible de trop anticiper. Quand on commence à trop intellectualiser, les impros marchent moins bien. »

Intégrer l’équipe de France

C’est ainsi qu’elle interprète son « petit coup de mou » lors de la saison actuelle. La faute à des « soucis personnels temporaires » qui rendent ses impros moins spontanées. « J'avais mis toutes les chances de mon côté, l’année dernière, pour intégrer l’équipe de France »... Une ambition personnelle, pour Diane, même si la décision revient de toute façon in fine au sélectionneur. La Lolita fonctionne en cercles concentriques : ses 200 membres s’affrontent lors de joutes libres hebdomadaires, en huit groupes, préparés par des coachs. Certains de ces derniers s’impliquent dans un championnat, sous forme de spectacles « de qualité » au Fossé-des-Treize. Et parmi ces 35 comédiens, huit sont sélectionnés chaque année pour intégrer l’équipe représentant la France au mondial…

Diane s’est déjà beaucoup investie ces dernières années pour l’association, en tant que responsable de la formation. « Récemment, j’ai un peu levé le pied, car je continue à être juge de GR, et depuis quatre ans j’ai aussi lancé un atelier d’impro au sein du Service des sports »… dont elle a pris la direction adjointe depuis cette année ! En renouant avec sa passion pour le théâtre, en 2010, elle avait pourtant pris la décision de se concentrer sur « ce qui comptait vraiment » pour elle, après avoir beaucoup donné pour les autres. A croire qu’elle ne peut s’empêcher de rendre tout ce qu’elle reçoit ! Chargée des cours de bien-être et relaxation au Service des sports, elle fait face chaque jeudi soir à un groupe d’une cinquantaine d’étudiants, désireux de pratiquer l’impro : « C’est dur avec autant de monde, mais c’est génial, il y a une vraie émulation de groupe. Pour tous mes cours, je m’estime hyper-privilégiée : je les dispense à des gens qui ont choisi d’être là ! Quand ils ressortent avec un grand sourire, j’estime recevoir autant que je leur ai donné ! »

Elsa Collobert

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