Focus

Egalité et parité en têtes d’affiche

Voilà dix ans que la question de l’égalité femmes-hommes et la lutte contre les violences sexistes et sexuelles ont été mises sur le devant de la scène à l’Université de Strasbourg, d’abord à travers une mission puis une vice-présidence déléguée, enrichie récemment d’un nouveau poste. Revue de projets, à la veille de la Journée mondiale pour l’élimination des violences faites aux femmes.

Prévention. Aide aux victimes. Accompagnement des témoins et des personnes alertées. Accompagnement des unités (composantes, services et laboratoires). Retour et juste traitement des personnes incriminées. Cinq axes d’un dispositif visant à lutter contre les violences sexistes et sexuelles, sur les lieux de travail, mais aussi dans les amphithéâtres et les salles de cours. « Car, depuis que ma charge de mission est devenue une vice-présidence déléguée, mon action ne touche plus les seuls personnels, mais aussi tous les étudiants et étudiantes de l’université », souligne Isabelle Kraus. Qui précise que ce dispositif de lutte contre les violences sexistes et sexuelles, qu’elle s’est particulièrement attachée à structurer ces dernières années, s’inscrit dans une démarche plus vaste de promotion de l'égalité entre les femmes et les hommes.

C’est donc avec un certain soulagement que la vice-présidente déléguée accueille à ses côtés, depuis un petit mois et pour deux ans, une chargée de projets. Eve Ballorain est embauchée sur crédits Idex. « Ma mission va notamment consister à (re)tisser des liens avec les associations, en particulier étudiantes, avec lesquelles nous pourrons monter des actions. »

Avec certaines, la relation coule déjà de source. C’est le cas de SOS Aide aux habitants – France Victimes 67. Depuis peu, et selon les situations, des personnes saisissant la cellule d’écoute et d’accompagnement des personnes victimes de propos sexistes, homophobes, de harcèlement, d’agression sexuelle peuvent être orientées vers leur permanence, à deux pas du campus*. Créée il y a un an, la cellule, qui est sollicitée, se réunit « chaque mois », précise Isabelle Kraus, qui examine les situations en toute confidentialité, avec les personnels compétents de l’université (services de santé universitaire-SSU et au travail, assistantes sociales du Crous). « Nous avons mis en place cette convention avec l’association pour offrir aux personnes qui le souhaitent un interlocuteur tiers. » Les salariés de l’association, conventionnée par le Tribunal de grande instance, sont en mesure de fournir une assistance psychologique et juridique très utile.

Les lignes bougent

Les séances d’auto-défense et confiance en soi, ajoutées à la rentrée au catalogue du Service des sports, ont elles aussi rencontré leur public. « Elles ne désemplissent pas ! » se félicite la vice-présidente déléguée au sujet de cette action, située à cheval entre la prévention et l’aide aux victimes. Signe que les lignes bougent à l’université, un groupe de paroles pour les victimes se réunit depuis mi-novembre, animé par des spécialistes du SSU. Les actions d’information et de sensibilisation, notamment pour faire connaître l’existence de la cellule, se poursuivent : les étudiants relais cité, formés l’an dernier, vont bientôt être rejoints par les étudiants relais campus et les responsables associatifs. Ici comme ailleurs, la vice-présidente peut compter dans ses actions sur le relais de ces fidèles partenaires.

Protocole

Parmi les missions d’Eve Ballorain pour épauler la vice-présidente déléguée dans son action : mettre sur pied un réseau officiel de référents égalité-parité. « Cela nous sera utile pour accompagner la mise en place, avec la Direction des ressources humaines, du protocole d’accord relatif à l’égalité professionnelle femmes-hommes, obligatoire à compter de décembre 2020 », précise Isabelle Kraus. Cette demande émanant du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, s’accompagne d’un questionnaire recensant les actions existantes et la structuration du travail sur cette mission, en train d’être renseigné. « Je souhaite aussi créer sur Ernest notre espace vitrine, rappelant nos actions et relayant données chiffrées et articles de référence », ajoute Eve Ballorain.

Enfin, parce que, on l’a vu, l’action de la vice-présidence Egalité-Parité ne s’arrête pas aux portes de l’université, un échange scientifique franco-québécois noué l’année dernière se concrétise fin novembre à travers deux jours de conférences autour du thème « Repenser l’excellence », et notamment la place des femmes dans la recherche, à l’Université de Sherbrooke. L’échange se poursuivra à l’automne prochain à Strasbourg, sur le thème des « Biais inconscients » (agissant lors du recrutement ou de l’avancée de carrière des femmes). Au volet préventions, signalons encore une prochaine étude des déplacements nocturnes sur le campus d’Illkirch.

*Convention financée par le Schéma directeur de la vie étudiante – Alsace (pilier Développement durable et responsabilité sociétale). La permanence est aussi accessible à d’autres établissements du contrat de site (Hear, Engees, Insa de Strasbourg, Ensas, BNU)

Bon à savoir

Un foisonnement d’actions dans les composantes

Outre ce qui existe de longue date, comme le module « Stéréotypes et enjeux de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes », obligatoire pour les élèves de première année de l’ECPM (composante où enseigne Isabelle Kraus), nombreuses sont les initiatives qui fleurissent ici ou là : des sensibilisations demandées par les directions de la Faculté de chirurgie dentaire et à l’Ecole supérieure de biologie de Strasbourg (ESBS), l’exposition « Les crocodiles » accrochée à l’IUT de Schiltigheim ou encore l’existence d’une référente égalité à Télécom physique Strasbourg, au Cuej ainsi qu’à l’ECPM. A Sciences po Strasbourg, très volontariste sur ces questions, une déléguée indépendante à l’égalité et à la lutte contre les discriminations, ainsi qu’une charte relative à ces questions, ont été mises en place en 2017. Récemment, un séminaire de sensibilisation aux risques festifs a notamment permis de sensibiliser les responsables d’associations étudiantes aux stéréotypes de genre et aux violences associées.

Isabelle Kraus se félicite encore de la concrétisation d’un projet qui lui tenait à cœur depuis longtemps : la mise en place, à compter du prochain semestre, d’un module « Lutte contre les discriminations » (qu’elles soient raciales, liées au handicap, à l’âge, à l‘orientation sexuelle, au genre, etc.) à destination des trois années de licence : comptabilisé dans le cursus, il s’agit d’un enseignement d’ouverture pour non spécialistes. Inscrit dans un cadre pédagogique interactif, le module vise à « questionner, déconstruire les stéréotypes, à partir de cas concrets, ainsi qu’à apporter des éléments, notamment juridiques, pour développer son pouvoir d’agir », explique Eve Ballorain. Elle y interviendra aux côtés d’enseignants et de nombreux partenaires, internes comme externes (mission Handicap, Espace avenir, Institut du travail, SOS Homophobie…)

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