Université

Nouvelle ère pour la licence ?

Une plus grande liberté pour les établissements, un contrat pédagogique pour chaque étudiant, la notion de compétence valorisée… François Gauer, vice-président Transformation numérique et innovations pédagogiques, et Jean-Paul de la Rica, directeur de la Direction des études et de la scolarité (DES), reviennent sur les nouvelles modalités de la licence et leur application à Strasbourg.

Qu’y a-t-il de nouveau dans l’arrêté licence ?
Jean-Paul de la Rica : L’arrêté date du 31 juillet 2018. Il annule et remplace le précédent arrêté de 2011, dont il diffère en laissant une plus grande marge de manœuvre aux établissements pour son application et pour atteindre les objectifs fixés.
François Gauer
: L’arrêté licence de 2018 en effet se lit plus comme un texte qui invite les établissements à rentrer dans une réflexion que comme un texte réglementaire. Dès les premiers paragraphes, le ton est donné. L’arrêté rappelle que la licence doit préparer à une insertion professionnelle facilitée et que les outils que les établissements vont développer doivent soutenir la réussite étudiante. Nous y retrouvons logiquement les objectifs généraux de la loi Orientation et réussite des étudiants (ORE) de 2018.

Qu’elles soient disciplinaires, pré-professionnelles, linguistiques, transversales, l’arrêté met l’accent sur la notion de compétence…
F. G. : Le texte fait en effet un focus très important sur l’acquisition des compétences. Un article entier est d’ailleurs dédié à un rappel sur les définitions des différents types de compétences visées. Le texte aborde également longuement la question de l’évaluation des connaissances et des compétences, et celle de la compensation. Je crois que nous pouvons dire qu’il y a une large convergence de vue pour reconnaitre que l’acquisition de certaines compétences ne peut remplacer la non-acquisition d’autres. Cependant, pour que cela puisse se traduire réglementairement parlant, il faut être sûr que les évaluations conduites sont bien des évaluations des compétences. Nous voyons donc que l’évaluation des étudiants, la définition des blocs de compétences et l’organisation de la compensation sont intrinsèquement liés. A Strasbourg, nous avons choisi de ne pas séparer les trois, mais de les travailler séquentiellement. Il faut d’abord être au point avec la notion de compétence et les stratégies d’évaluation pour envisager la question de la compensation.

Qu’est-ce qui va changer à la rentrée ?
F. G. : C’est un travail au long cours qui se met en place. Il n’y aura donc pas de chamboulement à la rentrée ! Nous souhaitons commencer par mener un travail de fond sur la notion de l’évaluation, en particulier autour de l’évaluation continue intégrale. Sur ce point, Strasbourg a pris de l’avance puisque nous y travaillons depuis sept ans. Plus qu’un paradigme réglementaire, c’est un changement d’état d’esprit !
J.-P. D.-L. R.
 : L’actuel régime de compensation restera donc en place. De nouvelles modalités de « deuxième chance » pourront être adoptées progressivement par les composantes qui sont prêtes, puisque le texte permet cette souplesse.
F. G.
 : Dans la définition de notre stratégie de long terme, nous souhaitons vraiment encourager une démarche expérimentale, et qui rejoint d’ailleurs notre identité universitaire ! Le travail est mené dans toutes les composantes, la possibilité est laissée de sortir des sentiers battus. Toutes les idées, les questions, les doutes, sont écoutés.

Et en ce qui concerne une autre nouveauté, les contrats pédagogiques ?
F. G. : Ils seront conclus désormais pour tous les étudiants, afin d’encadrer de façon systématique leurs parcours. Là encore, pas de chamboulement : ils existaient déjà pour certains cas comme les étudiants à cheval sur deux années, ou les sportifs de haut niveau. Mais pas pour tous les étudiants salariés, par exemple, dont certaines situations particulières échappaient bien souvent aux équipes pédagogiques. Dans plus de 90 % des cas, il s’agira de contrats « types ». Mais cela représente une amélioration, car cela engage les signataires.
J.-P. D.-L. R.
: Ces contrats, conclus au moment des inscriptions pédagogiques, permettront des aménagements d'études à des étudiants qui ignoraient parfois que c’était possible.

Quid du non-présentiel et des outils numériques ?
F. G. : Je le répète souvent, le numérique n’est pas une baguette magique, ni un objectif en soi. C’est un outil pédagogique, incontournable aujourd’hui, mais au même titre que les autres (voix, posture). Un outil parfait pour compléter, préparer une séance, qui permet par conséquent de se concentrer sur les éléments à forte valeur ajoutée et de rendre au présentiel toute la dimension qu’elle mérite. Je ne pense pas que l’avenir soit une université totalement dématérialisée. L’enseignement passe avant tout par la relation humaine : c’est dans notre ADN, nous apprenons les uns des autres.

Et de la licence « sur mesure » ?
J.-P. D.-L. R. : L’individualisation des parcours, la prise en compte des spécificités (étudiants salariés, sportifs de haut niveau, handicap, etc.), les aménagements d’études pour tenir compte de la progression de chacun sont déjà une réalité, à travers précisément le contrat pédagogique. Mais l’idée d’un système à « l’anglo-saxonne », dans lequel on composerait son diplôme en piochant des cours « à droite ou à gauche », à la manière d’un menu, relève davantage du fantasme. Le système français est différent, il est encadré par un référentiel des diplômes, qui reste là pour assurer la cohérence globale et le caractère national des diplômes. 

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