Focus

L’or et la lumière

Thomas Ebbesen vient de recevoir la médaille d’or 2019 du CNRS. C’est une des plus importantes distinctions scientifiques au monde. Avant lui, Pierre Chambon, en 1979, Jean-Marie Lehn, en 1981, Jules Hoffmann, en 2011 en ont été honorés. Voici donc sur notre campus quatre hommes en or qui font briller la recherche en biologie, chimie et physique. Cette distinction prestigieuse est remise par le CNRS, partenaire historique et incontournable, qui participe à l’excellence de la recherche strasbourgeoise.

Au Moyen Age, les alchimistes étaient à la recherche de la pierre philosophale censée transformer le plomb en or. Quête aussi frénétique qu’illusoire ! Mais cet or, nous l’avons sur place ! Cet or, ce sont les femmes et les hommes qui font la science. Ils nous laissent devant la complexité d’un monde dont on ne connaît encore presque rien. Tant de choses à découvrir. Tant de frontières à faire reculer. Tant de sacro-saints principes à interroger. C’est le propre du chercheur de se jouer des frontières du savoir et à faire de plus la lumière sur les secrets du vivant. « Faire de la lumière, pauvres gens, c’est plus difficile que faire de l’or », dit un personnage de Paul Claudel.

Thomas Ebbesen, lui, fait les deux en même temps ! Son travail sur la lumière lui vaut aujourd’hui l’or du CNRS. Il aime à parler de sa recherche comme d’une « alchimie du vide ». C’est qu’il a fait une découverte stupéfiante au sujet de la transmission extraordinaire de la lumière. Puisque l’espace qu’on dit vide est rempli de fluctuations électromagnétiques, une sorte de bruit de fond de l’univers qui existe partout autour de nous.

Nous sommes heureux et fiers pour Thomas Ebbesen, pour l’Isis qui lui doit tant, et pour toutes les équipes de chercheurs, tant il est vrai que la recherche est aussi une aventure collective. Merci à Thomas Ebbesen d’apporter un peu plus de lumière sur nos connaissances. Un étudiant de notre université, un alumni, J.W. Von Goethe, a rendu son dernier souffle en disant « Mehr Licht ». Plus de lumière.

Michel Deneken,
président de l'Université de Strasbourg

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