Communauté

La prévention dans le cartable

La Maison pour la science en Alsace et des chercheurs de l’Université de Strasbourg se sont investis cette année dans un projet original : concevoir, en lien avec des classes de primaire, un agenda* porteur de messages de prévention. Les livrets seront diffusés à la rentrée à 30 000 élèves de CM2 du Grand-Est.

Au fil des pages colorées, dessins et photos d’enfants côtoient illustrations d’un professionnel, quelques portraits façon Archimboldo, d’innombrables jeux (mots-mêlés, mots croisés, mots cachés, vrai/faux, charades) et même des blagues !

Le ton est léger - « Mieux vaut manger des salades qu’en raconter ! » ; « Mange des légumes pour éviter le rhume »… - mais sur le fond, les messages de prévention sont des plus sérieux. Ils englobent six thématiques, réparties dans autant de sections égrenées sur l’année scolaire : alimentation, activité physique, sommeil, addiction aux écrans, tabac/alcool et soleil.

Réalisé dans le cadre d’un partenariat entre l’Éducation nationale et la Ligue nationale contre le cancer, ce projet voit à l’origine le jour en Lorraine. Il est ensuite repris par le comité de la Ligue contre le cancer du Bas-Rhin, accompagné par la Maison pour la science en Alsace, intégrée au sein du réseau national des Maisons pour la science. Leur mission : travailler au service des professeurs, en les outillant pour la diffusion de contenu scientifique. Elles les mettent notamment en lien avec les producteurs de savoir au sein de l’université.

Lumière bleue et activité physique

Virginie Laurent-Gydé et Joffrey Zoll sont deux chercheurs de l’Université de Strasbourg, tentés par l’aventure de la vulgarisation. La première est spécialisée dans l’étude des effets de la lumière bleue spécifique aux écrans (à l’Institut des neurosciences cellulaires et intégratives), le second dans celle du sport et de l’alimentation (à la Faculté de médecine). Embarqués dans le projet, ils interviennent durant l’année scolaire dans des classes, pour certaines situées en zone prioritaire. Ils répondent aux questions des enfants sur ces thématiques, qui soit à la fois au cœur du programme scolaire et du quotidien des familles.

Joffrey Zoll s’amuse de retrouver certains éléments de sa discussion avec les élèves dans leur production : « Je leur ai dit que nos ancêtres préhistoriques étaient génétiquement conditionnés à l’activité physique, et qu’aujourd’hui on en fait beaucoup moins. Ça semble les avoir marqués ! » A partir de l’intervention des chercheurs dans les classes, préparées avec leurs enseignants, les enfants déclinent dessins, slogans, photographies… Une production au final très diversifiée.

Virginie Laurent-Gydé se souvient d’échanges « très interactifs » autour du sommeil des animaux : « Les enfants posent des questions spontanées et savent très bien faire leur autocritique, notamment pour ce qui est de l’usage des jeux vidéo ». Pour les chercheurs, « cette interaction avec quelqu’un d’autre que le professeur permet d’embarquer toute la classe. Même ceux moins forts en sciences se sentent libres de prendre la parole ».

L’âge des enfants, non plus que le format, n’ont pas été choisis par hasard : « On sent qu’à 9-10 ans, le message a encore une chance de passer », souligne Joffrey Zoll. Quant à l’agenda, il permet de « faire le lien avec la famille ». Avec ses couleurs vives et ses multiples entrées, il ne devrait pas passer inaperçu.

Confortés par cette expérience dans l’idée de sortir de leurs labos, les chercheurs en sont convaincus : « C’est notre rôle de former de futurs citoyens ! »

Elsa Collobert

* Le projet bénéficie du soutien de l’Idex Université & cité

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