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Il creuse son sillon en télémark

A 20 ans, Théo Sillon vient d’être sacré double champion du monde de télémark. Aussi à l’aise sur des skis à talon libre que sur un skate-board, l’étudiant en 2e année de chirurgie dentaire confie sa difficulté à concilier sport de haut niveau et études… Ce qui ne l’empêche pas de s’investir dans sa discipline avec passion.

Difficile pour Théo Sillon de cacher le sport qu’il préfère pratiquer : les traces de bronzage du masque de ski parlent pour lui ! Il vient tout juste de participer à une épreuve de Coupe de France à Gérardmer, dans des conditions météo plutôt compliquées… « Une épreuve dans les Vosges, c’est rare. En télémark, tout se passe plutôt dans les Alpes ».

Quelques semaines plus tôt, c’est en Slovénie que Théo s’est distingué, devenant double champion du monde de sa discipline. Après seulement trois années de compétition, c’est déjà quatre médailles (deux en or, une d’argent et une de bronze) qu’il a décrochées. L’une des plus anciennes techniques de ski (lire encadré), le télémark combine slalom, virage à 360° et skating. Le tout sur des skis à talon libre, ce qui offre au pratiquant davantage de liberté, et au spectateur des virages très esthétiques effectués genoux fléchis.

Au plus haut niveau

Sa discipline à lui, c’était d’abord le ski alpin. Très jeune, il prend goût à la compétition, qui devient très rude « à l’approche du lycée ». Faute d'avoir le niveau suffisant pour intégrer le pôle France ski d’Albertville, il se tourne alors vers le télémark. Originaire de Thann, Théo le pratique « en loisir, initié par mes parents ». Plus « confidentiel », le télémark lui permet rapidement de s’épanouir au plus haut niveau : les compétitions commencent à l’échelon national, et après un an, Théo intègre l’équipe de France. Moins peuplé, le circuit mêle « une petite centaine de concurrents, filles et garçons mélangés. C’est comme une famille, on se connait tous et l’ambiance est bonne ».

Ça, c’est pour les avantages. Mais cela a aussi ses inconvénients. Comme ce sport n’est pas une discipline olympique, Théo n’est pas reconnu sportif de haut niveau. Tous les frais – matériel, déplacements, hébergement, préparateur physique – sont à sa charge. « Une saison coûte 9 000 €. Cette année, j’ai heureusement réussi à trouver un sponsor, Dynastar. » Mais pour atteindre l’objectif « d’une saison à zéro euro », Théo a créé l’association Massif des Vosges Télémark avec ses parents. « Les entreprises qui veulent m’aider ont un crédit d’impôts. » Il donne aussi des cours de ski, à La Bresse, « mais cette saison a été vraiment courte »... Pour la même raison, Théo ne bénéficie pas d’aménagements de cours, et doit donc rattraper lorsqu’il s’absente pour une compétition ou la préparation physique. Il ne perd pas l’espoir « d’obtenir bientôt le statut d’étudiant sportif de haut niveau ».

« Pas de pression »

Malgré ces freins, le jeune skieur ne se met pas la pression. « Quand je suis revenu sur le circuit après ma première Paces (Première année commune aux études de santé), j’ai placé la barre très haut et je n’ai obtenu qu’une troisième place. Après une année sans sport, j’avais suivi à la lettre le programme de notre coach. Cette année, je suis arrivé plus détendu, j’ai fait du sport pour moi et ça a mieux marché ! » Espérons que cette tactique, combinant approche sereine des études et sport-plaisir au quotidien (skate, vélo dans les Hautes-Vosges, course à pied et bien sûr ski) marchera pour la suite. L’an prochain, il quitte la catégorie Junior : « C’est sûr, ça va être plus costaud ! »

Elsa Collobert

Bon à savoir

Le télémark, une autre approche du ski

Ensemble de techniques de ski nordique adapté au ski de descente avec le talon libre (non fixé au ski), le télémark est l'une des plus anciennes techniques de ski, inventée en 1868 par un menuisier du comté de Telemark, en Norvège (source : Wikipédia).
« On se sent plus libre », analyse Théo Sillon pour expliquer l’attrait de la discipline, mais revers de la médaille, « on va moins vite. Un skieur alpin qui veut se mettre au télémark doit aussi repartir de zéro pour apprendre. »
Les compétitions déclinent trois épreuves : sprint, classic et parallèle (ou dual). Même parcours pour les trois (slalom, virage à 360° pour ralentir et skating) avec pour différence que la classic, plus longue (3 min), se joue en une seule manche. La sprint (1 min 30) se joue en deux manches. Dans la parallèle, les deux concurrents partent ensemble, le premier arrivé se qualifiant pour le tour suivant.

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