Focus

Des JPO ouvertes sur le handicap

Tout comme à l’Université de Haute-Alsace (UHA), la semaine précédente, la Journée portes ouvertes (JPO) de l’Université de Strasbourg, samedi 9 mars, met l’accent sur les dispositifs existants pour offrir les meilleures conditions d’études aux personnes en situation de handicap.

Qu’il soit moteur ou psychique, trouble autistique, sensoriel ou dys-1, le handicap est multi-facettes. Et les réponses qui y sont apportées à l’Université de Strasbourg en termes d’accompagnement des études le sont aussi.

Le parcours d’études choisi est-il bien adapté à mon handicap ? Et mon projet professionnel ? Le cadre sera-t-il ergonomique et adapté au handicap de mon enfant ? Apporter des réponses à toutes les questions que se posent les futurs étudiants en situation de handicap et leurs parents : c’est tout le but du programme élaboré par la mission Handicap du Service de la vie universitaire (SVU), dans le cadre de la JPO de l’Université de Strasbourg du 9 mars.

Dispositifs et acteurs-clés

Plans d’accompagnement de l’étudiant handicapé (PAEH), assistants d’études (lire encadré), référents handicap dans les composantes, aménagement des études et des examens… Des temps de présentation des dispositifs d’accompagnement alterneront avec des témoignages d’acteurs-clés de la prise en charge du handicap à l’université, coordonnés depuis 2009 par la mission Handicap. La question de la restauration et du logement étudiants seront aussi abordés, à travers la présence du Crous.

Partenaires traditionnels de la mission Handicap, le Service de santé universitaire (SSU), la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) et le rectorat sont aussi associés. « Ce dernier a tenu informés les parents de lycéens en situation de handicap (Première-Terminale) de ce rendez-vous, indique Fabienne Rakitic, coordinatrice de la mission Handicap, dans le but de l’amélioration continue du lien lycée-enseignement supérieur ». Organisé dans le cadre de la commission Handicap du Schéma directeur de la vie étudiante-Alsace, celui-ci enregistre déjà une quarantaine d’inscrits.

Anticipation

Imaginé « dans la foulée de l’Université de Lorraine, dont l’initiative similaire a connu un grand succès », ce rendez-vous participe véritablement de l’objectif de la mission Handicap d’un accompagnement optimisé des étudiants en situation de handicap2. Et répond au besoin d’information, le plus en amont possible, de ce public à besoins spécifiques.

1 Troubles dys- : dyslexie, dysorthographie, dysphasie, dyspraxie, dyscalculie…
2 Et cela fonctionne, si l’on en croit les chiffres : plus de 700 étudiants accompagnés par la mission Handicap en 2018-2019 contre 123 en 2009-2010

Elsa Collobert

Bon à savoir

Assistant d’études : loin d’être à sens unique !

Dans la boîte à outils de la mission Handicap : le dispositif des assistants d’études. Ils sont une cinquantaine de binômes cette année à l’Unistra. Découverte de leur fonctionnement avec l’un d’entre eux, fait pour s’entendre : Victor et Hugo !

Sur le papier, le principe est simple : l’étudiant en situation de handicap est épaulé par un camarade, généralement de la même promotion. Dans les faits, chaque cas est unique : « Victor, qui a une paralysie cérébrale et se déplace en fauteuil, je vais le chercher chaque matin chez lui après que son auxiliaire de vie l’ait aidé à se préparer, je l’accompagne en cours, on mange ensemble, je le raccompagne chez lui le soir, explique Hugo, en deuxième année de physique, tout comme Victor. Je lui scanne aussi les cours et l’aide dans ses révisions, avec des notes, parties surlignées, etc. Ça me prend plus de temps que l’assistante d’études d’un autre élève de notre promotion, qui lui est autiste. »
Loin de considérer cette mission comme une charge, Hugo estime que cela l’aide à structurer son quotidien, lui qui s’investit dans de nombreuses activités en dehors des cours. Pour autant, cela lui paraît « normal » de recevoir une rétribution, pour ce qu’il considère « comme un engagement moral ».
Ce qui est sûr, « c’est que l’étudiant handicapé tire au loto au moment où on lui attribue son assistant. Avec Victor, ça s’est fait de fil en aiguille, et c’était très bien comme ça. On était en TP ensemble, on s’entendait bien et au deuxième semestre de première année, j’ai pris la suite de son assistante d’études avec qui ça ne se passait pas très bien. »
Ce qui a commencé par de simples discussions autour du foot s’est transformé en véritable amitié : « On passe tellement de temps ensemble : il valait mieux qu’on s’entende bien ! J’ai aussi la chance de bien m’entendre avec sa famille, c’est important ! » Victor, supporter inconditionnel du Racing, a d’abord invité Hugo à un match contre son club fétiche à lui, le Losc (Lille). Dans cette relation qui est tout sauf à sens unique, Hugo fait découvrir à Victor ses passions, la danse et le violon, qu’il pratique à haut niveau.
Même s’il estime que Victor, « toujours souriant et avenant », n’a pas besoin de lui pour se faire des amis, Hugo pense que son rôle peut être « de faire en sorte que les autres n’aient pas peur de venir vers lui. » Dans leur promotion, il se félicite « qu’on soit un bon petit groupe de cinq ou six, avec Maxime et Julien qui comprennent de plus en plus Victor [les troubles du langage et de l’élocution sont associés à la paralysie cérébrale], peuvent l’aider avec les cours ou prendre mon relais si je ne peux pas être présent. »
« Enlever son manteau à Victor quand on arrive en cours (photo), l’aider à sortir son téléphone pour écrire un SMS, tous ces petits gestes du quotidien sont devenus naturels pour moi, comme n’importe quel geste le serait envers chacun de mes amis. »

Cap 2030 : cinq bonnes raisons... Changer d'article  L’humour pour seule arme