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Classements : pas très « classe » !

Régulièrement fleurissent des classements d’universités – à l’échelle nationale ou internationale : Shanghai, Times, Leiden, et tout récemment UMR (U-multirank). Comme pour toute mode, il faudrait céder à l’émerveillement sans même y regarder de plus près.
Bien-sûr, ne boudons pas notre plaisir d’en être. Nous sommes fiers de voir l’Université de Strasbourg y figurer en bonne place car cela reflète, même imparfaitement, la qualité des résultats de nos recherches. Néanmoins, tous ces classements soulèvent à chaque fois les mêmes interrogations.

Une première série de questions tient à la qualité des données. Quelles sont les données utilisées ? Quelle est leur fiabilité ? Toutes les disciplines sont-elles intégrées ou n’en néglige-t-on pas systématiquement certaines, comme les sciences humaines et sociales ? Pourquoi la formation reste-telle la grande absente de ces classements ?
La deuxième question est plus fondamentale et tient à l’usage abusif qui est aujourd’hui fait de ces classements. Peut-on résumer la diversité et la richesse de nos universités par quelques chiffres à la fiabilité douteuse ? L’université doit-elle être gérée comme un supermarché, avec des têtes de gondoles ? Le risque est aujourd’hui grand de voir les établissements travailler pour « grimper » dans les classements, plutôt que pour améliorer de manière fondamentale ce que ces classements essayent sans succès de refléter : la qualité de nos formations, la compétitivité de nos recherches.

Nous connaissons tous l’impact de ces classements, marronniers médiatiques à la floraison saisonnière et prévisible : visibilité, notoriété, réputation, attractivité. Le grand public les observe comme un classement de championnat sportif, la presse les attend (et en fait un argument de vente), mêmes les politiques y vont de leurs commentaires critiques ou laudateurs. Alors fleurissent les approximations, contresens et erreurs d’analyse. Cette question de l'usage des classements nous est d’abord posée à nous tous, communauté universitaire, mais aussi à toute notre société.

Mais attention, questionner les classements, mettre en cause leur importance, discuter leur fiabilité ne veut pas dire que nous ne souhaitons pas être évalués. Bien au contraire, l’université sait et veut être évaluée, c’est même dans sa nature. Nous voulons nous situer par rapport à nos voisins, nous ambitionnons d’être transparents pour le grand public qui nous finance et nous confie ses enfants, nous cherchons à mieux faire comprendre et partager nos domaines d’excellence et nos réussites. Mais il faut le redire : travailler à l’université, pour l’université, c’est d’abord travailler pour la réussite de nos étudiants, pour qu’ils approfondissent le plus loin possible leurs savoirs, c’est se consacrer à une recherche à la fois désintéressée et tournée vers la société, toute la société. C’est à l’aune de ces objectifs fondamentaux  que nos résultats – quels qu’ils soient – devraient être regardés, analysés, commentés. Ce serait vraiment plus classe !

Alain Beretz
Président de l'Université de Strasbourg 

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« L’année 2013 est marquée par une levée de fonds exceptionnelle »

La première levée de fonds des Fondations de l’Université de Strasbourg* se termine en décembre 2014 et l’objectif de récolter 20 millions d’euros est à portée de main. Les fondations réfléchissent avec leurs partenaires à la stratégie à mettre en œuvre pour poursuivre leur action en 2015. A l’occasion de la sortie du rapport d’activité 2013, un point d’étape avec Patrick Llerena, directeur de la Fondation Université de Strasbourg.

Les fondations de l’Université de Strasbourg ont récolté 5,6 millions d’euros en 2013. Un résultat exceptionnel ?
Oui, c’est en effet un résultat exceptionnel, très lié à deux dons particulièrement élevés, l’un de l’entreprise Soprema (2,3 millions) et l’autre de l’entreprise Roche, qui a donné 1 million d’euros pour la recherche en médecine personnalisée. A eux deux, ces dons représentent près de 60% de la levée de fonds 2013.
Par conséquent, fin 2013, nous avions collecté 18,1 millions de dons sur les 20 millions qui forment notre objectif pour la fin de notre première levée de fonds, prévue en décembre 2014. Nous sommes donc raisonnablement optimistes sur notre capacité à atteindre cet objectif.
Le résultat de 2013 laisse à penser que nous récoltons actuellement les fruits du travail des équipes des deux fondations (Université de Strasbourg et Recherche en chimie) : en effet plusieurs mois de travail sont généralement nécessaires à la concrétisation d’un don, spécialement s’il est élevé…

Ressentez-vous de nouvelles tendances dans la typologie des donateurs de la Fondation ?
Actuellement, et depuis le début de la levée de fonds, il y a un petit nombre de grands donateurs (8%) qui donne 94% des fonds levés, et un grand nombre de petits donateurs qui donne le reste. C’est une répartition classique dans les fondations universitaires, et assez mécanique. En effet, les grands donateurs sont plutôt des entreprises qui ont une surface financière qui n'est pas comparable à celle des particuliers.
Ce qu’on voit émerger néanmoins, c’est la multiplication de petits donateurs, qui donnent régulièrement. On observe dans certaines universités qui ont une longue tradition en matière de fondation que ces petits donateurs réguliers forment un socle solide de collecte de fonds. Nous misons donc sur le développement de cette typologie de donateurs en nous appuyant à terme sur le Service de relations aux alumni, car ces petits donateurs sont très souvent des diplômés de l'université et/ou des usagers des établissements …

Comment la Fondation utilise-t-elle les fonds qui lui sont confiés ?
Beaucoup de dons sont fléchés par les donateurs et dans ce cas, nous n’avons aucune marge de manœuvre pour les attribuer. Ceux qui ne sont pas fléchés sont affectés sur tel ou tel objectif par le comité d’engagement, un organe de la Fondation Université de Strasbourg représentatif de l’université et des hôpitaux. De fait, et à la demande de l'université, le comité choisit de les attribuer aux bourses d’études pour les étudiants de licence. Deux exceptions néanmoins : ces fonds servent également à financer trois prix de thèses et un prix conjoint Fondation Université de Strasbourg et Cercle Gutenberg pour favoriser l’accueil des meilleurs chercheurs à l’international. Pour les dons en chimie, l'affectation est réalisée par le conseil scientifique de la Fondation pour la recherche en chimie.

Près de la moitié des dons (en volume) sont fléchés « recherche », est-ce classique ?
Oui, dans les fondations universitaires, c’est classique en effet. C’est très lié au fait que les dons les plus importants sont faits par les entreprises, qui sont naturellement portées à soutenir la recherche, en lien avec leur métier ou pas. Il est vrai aussi que les actions de formation engagent des sommes beaucoup plus modestes, donc elles sont moins visibles dans un bilan. Ce qui ne veut pas dire qu’elles ont moins d’impact ! L’impact d’un don n’est pas forcément proportionnel à sa valeur : une bourse coûte 10 000 euros et son impact sur la vie de l’étudiant qui la reçoit est déterminant !

Le patrimoine semble peu intéresser les donateurs. Comment l’expliquez-vous ?
C’est un peu une déception effectivement, d’autant que l’Université de Strasbourg a un patrimoine bâti, artistique et patrimonial (des collections) exceptionnel. Il semble qu’on ait du mal à toucher les bons donateurs. Ce qui rend la chose plus difficile aussi, c’est la temporalité : les sommes nécessaires pour une restauration sont très élevées ; et pour rassembler les fonds nécessaires, les premiers donateurs, surtout les plus modestes, doivent attendre longtemps avant de voir l'impact de leur don… Cela décourage beaucoup les donateurs potentiels.

La levée de fonds en cours se termine à la fin de l’année, comment voyez-vous la suite ?
L’année 2014 est une année de réflexion pour nous et nos partenaires. Nous souhaitons définir une stratégie pour 2015 et au-delà. Les pistes sont nombreuses : faire un effort en direction des particuliers comme indiqué précédemment, un effort aussi à l’international, capitaliser sur notre savoir-faire dans la collecte de dons des entreprises…
Dans cette nouvelle stratégie, on intègrera le positionnement que les fondations de l'Université de Strasbourg ont acquis de facto : en collectant au fil du temps pour l’Institut national des sciences appliquées (Insa), la Bibliothèque nationale universitaire (BNU), l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Strasbourg (Ensas), les hôpitaux universitaires de Strasbourg, nous sommes devenus « le collecteur strasbourgeois » pour l’enseignement supérieur, la recherche et la santé… Ce qui n’est pas sans conséquence sur la manière de mener une levée de fonds.

Propos recueillis par Caroline Laplane

*La Fondation Université de Strasbourg et la Fondation pour la recherche en chimie

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Immersion dans le monde de la pédagogie universitaire

A l’occasion de l’inauguration de ses locaux, lundi 2 juin, l’Institut de développement et d’innovation pédagogique (Idip) de l’Université de Strasbourg (Unistra) a convié les enseignants-chercheurs à un atelier « prestige » sur la motivation face au changement. 

Installée depuis le début du mois de février 2014 dans une annexe du lycée Oberlin, rue de l’Académie, l’équipe de l’Idip, constituée de sept personnes, a souhaité inaugurer officiellement ses locaux lundi 2 juin. A cette occasion, les enseignants intéressés étaient conviés à plonger dans l’ambiance d’un atelier. « En organisant cet événement, nous avons non seulement voulu montrer où se trouve l’Idip mais aussi ce que nous faisons et comment nous travaillons », explique Nicole Rege Colet, sa directrice.
Créé en février 2013 à l’Université de Strasbourg, l’Idip est un laboratoire d’expérimentation et de développement d’innovations pédagogiques destiné à favoriser le renouvellement  des pratiques et des modes d’apprentissage. Cette structure, action majeure du levier Formation de l’Initiative d’excellence (Idex), propose depuis la rentrée universitaire 2013-2014 des formations dans le domaine de la pédagogie de l’enseignement supérieur à tous les enseignants de l’Unistra (lire L’Actu n°80 du 27 septembre 2013) mais également du conseil et de l’accompagnement pédagogique. 

45 ateliers de formation en un an 

Lundi dernier, une vingtaine de personnes ont répondu à l’invitation et sont venues débattre autour d’un thème central pour l’enseignement supérieur : la motivation face au changement. En introduction à cet atelier « prestige », Nicole Rege Colet a présenté le bilan de la première année d’activité de l’Idip. « Depuis septembre dernier, 45 ateliers de formation ont été organisés et 207 enseignants y ont assisté. Ce sont de véritables indicateurs du succès de la formation. En outre, une enquête de satisfaction réalisée ce printemps a mis en lumière l’importance accordée à ces ateliers mais aussi le besoin d’accompagnement pour la mise en pratique des réflexions évoquées. »
A partir de là, les enseignants ont pu, en petits groupes, réfléchir sur quatre thématiques : activités de formation, conseil et accompagnement, ressources pédagogiques, valorisation et dissémination. Guidés par les conseillers pédagogiques de l’Idip, ils ont pu confier ce qu’ils attendent de l'institut. Certains ont ainsi émis un besoin d’accompagnement pour la mise en pratique des éléments vus pendant les ateliers de formation tandis que d’autres ont évoqué la nécessité d’être épaulés face à la « difficile implication des collègues lorsqu’il s’agit de pédagogie ». 

Des stammtisch pédagogiques 

Concernant les ressources, les participants souhaitent que le site web de l’Idip se développe et propose, par exemple, des fiches techniques sur des nouvelles pratiques, des témoignages d’étudiants et un forum d’échanges. Et selon eux, la salle de lecture devrait offrir des magazines et des ouvrages spécialisés en pédagogie universitaire mais aussi les programmes des lycées pour aider les enseignants à s’adapter à ce public. Pour la valorisation et la dissémination de ces nouvelles pratiques, plusieurs idées ont été lancées : organiser des stammtisch pour partager ses expériences, des ateliers d’écriture pour aider les enseignants à publier sur la pédagogie universitaire, etc.
L’équipe de l’Idip s’est réjouie de toutes ces idées et en a pris bonne note pour faire évoluer son offre. Cependant, un véritable défi persiste selon Nicole Rege Colet : « Si nous pouvons actuellement compter sur quelques habitués, il faut rappeler que notre mission s’adresse à l’ensemble des enseignants. Nous souhaitons donc vraiment atteindre les niches de scepticisme sans pour autant passer pour des doctrinaires de la « bonne » pédagogie universitaire. » 

Floriane Andrey

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Associations étudiantes : des contours mieux définis

La charte des associations étudiantes de l’Université de Strasbourg a été approuvée au conseil d’administration. Elle entrera en vigueur. 

L’Université de Strasbourg compte actuellement une centaine d’associations étudiantes actives recensées par le Service de la vie universitaire (SVU). Mais jusque-là, aucun texte ne délimitait clairement les contours de leur relation avec l’Université de Strasbourg (Unistra). « Cela posait notamment des problèmes lorsque des associations, dont quelques membres étaient étudiants mais dont les missions n’étaient pas en lien avec l’université, venaient demander des subventions auprès du SVU », explique Olivier Hoerdt, vice-président Vie universitaire. L’université a donc souhaité se doter d’une charte qui définit précisément l’agrément « association étudiante de l’Université de Strasbourg » pour contribuer au développement de la vie associative sur les campus et à son rayonnement dans la cité.
Pour être agréée par l’université, une association doit compter une majorité d’étudiants dans les membres élus lors de son assemblée générale. Et ses activités doivent bénéficier à la communauté universitaire. « Cette dernière expression est assez vague pour laisser le champ des possibles ouvert mais nous tenons vraiment à signifier que le seul fait d’avoir des étudiants dans son association n’est pas suffisant pour revendiquer l’agrément », insiste Olivier Hoerdt.  Elément important de cette charte également : les associations étudiantes de l’Unistra ne doivent pas pratiquer de prosélytisme religieux ou politique. 

De l’utilité d’une charte pour toujours proposer des débats éclairés et contradictoires

De part ses valeurs fondamentales d’ouverture, de libre débat et d’objectivité, l’université a toujours accueilli les débats de sociétés. Il est évident que certains sont plus sensibles que d’autres. Quel que soit l’outil produit par la connaissance, il est primordial que ce débat s’installe. Néanmoins si celui-ci est à sens unique, le risque de véhiculer des idées fausses comme de diaboliser les outils est important. Tout débat doit donc pour continuer à s’appeler débat, être équitable, donner un niveau d’information identique et objectif, argumenté et contradictoire. Il va ainsi pour tous les domaines scientifiques mis en débat à l’université. Ces fondamentaux doivent être respectés, que l’on parle de physique nucléaire, de biologie de synthèse ou plus singulièrement d’organismes génétiquement modifiés (OGM). 

Les droits et devoirs des associations écrits noir sur blanc 

La charte recense aussi les droits et devoirs des associations agréées. Si toute association doit, entre autres, soutenir les événements liés à la vie universitaire organisés par l’établissement, l’Unistra s’engage en contrepartie à fournir un mécénat de compétence par le biais du SVU et à soutenir financièrement les projets validés par la Commission d’aide aux projets étudiants (Cape).
« Nous avons mis noir sur blanc ce qui passait par le bouche à oreille ou par les réseaux sociaux avant notamment en ce qui concerne la domiciliation et l’hébergement », explique Olivier Hoerdt. Les associations agréées peuvent demander à être domiciliée au SVU ce qui leur donne droit à une boîte aux lettres. Petite particularité pour les associations tournées essentiellement vers une filière déterminée : elles sont prioritairement domiciliées auprès de leur composante. Pour bénéficier de locaux, les associations doivent en faire la demande auprès du président de l’université.
« Les associations qui souhaitent signer la charte devront se rendre au SVU après la rentrée. La charte devra être signée après chaque assemblée générale et renouvellement de bureau. Les associations qui ne la signeront pas ne seront pas agréées et ne pourront donc pas demander de soutien financier de la part de l'université  », précise le vice-président Vie universitaire. 

Floriane Andrey et Frédéric Zinck