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Un troisième prix Nobel pour notre université !

Martin Karplus, professeur conventionné et directeur d'une unité mixte de recherche Université de Strasbourg-CNRS, ainsi que professeur à l’Université de Harvard, est l'un des trois scientifiques récompensés par le prix Nobel de chimie 2013 pour leurs travaux sur la modélisation informatique des réactions chimiques. Histoire d'une journée si particulière !

Mercredi 9 octobre, 11 h 45.
L'information vient de tomber et l'ambiance s'électrise dans les murs de l'Institut de science et d'ingénierie supramoléculaires (Isis). « Tu sais, tu es au courant, c'est fabuleux ! » : Martin Karplus, directeur du laboratoire de chimie biophysique vient d'obtenir le prix Nobel de chimie 2013, ainsi que ses collègues Michaël Levitt et Ariel Warshel. Un prix qui récompense leurs travaux sur la modélisation informatique des réactions chimiques.
Thomas Ebbesen, directeur de l'Usias*, en est presque ému. Dans les cinq minutes, les appels se succèdent sur son fixe, son portable et plusieurs collègues frappent à sa porte. Puis, il n'y tient plus : « Il faut que j'appelle Jean-Marie Lehn». Jean-Marie Lehn est dans son bureau au dernier étage de l'Isis, les yeux rivés sur le site des Nobel. Il a d'ores et déjà prévenu Alain Beretz et se réjouit avec lui de ce nouveau prix. Lui-même a été distingué en 1987 par un prix Nobel de chimie. Les appels se succèdent également sur ses différents postes téléphoniques. « Je suis si content pour lui qu'il accède à cette reconnaissance officielle et médiatique : ce prix Nobel est plus que mérité ! On l’attendait d’ailleurs depuis longtemps. »

Ami de Jean-Marie Lehn et "mentor" de Marco Cechinni


Professeur à l'Université de Harvard, à Boston, Martin Karplus est un ami de 40 ans de Jean-Marie Lehn. Par son intermédiaire, il a été membre invité au Collège de France à plusieurs reprises, puis professeur conventionné à l’Université Louis-Pasteur, et donc à l’Université de Strasbourg, depuis 1995. Il dirige un des laboratoires de l’Isis, le laboratoire de chimie biophysique, tout en poursuivant son activité à Harvard.
« J'ai fait mon post-doc dans son laboratoire strasbourgeois, pour moi, c'est un maître », explique Marco Cecchini, directeur du laboratoire d'Ingénierie des fonctions moléculaires à l'Isis. Celui-ci est assailli d'appels de journalistes qui souhaitent recueillir son témoignage sur l'homme, et aussi ses précieuses explications sur ses travaux, cette méthodologie nouvelle qu'il a imaginée pour étudier la complexité des molécules d'intérêt biologique, et qui est aujourd'hui récompensée par le Nobel. « Il a toujours été un bourreau de travail, passionné et passionnant, terriblement exigeant aussi. Je travaille encore régulièrement avec lui, il a toujours les bonnes questions : en gros, celles qui dérangent... »
Pendant ce temps-là, à Boston, Martin Karplus est tiré de son lit avant l'aube par le téléphone. Mais non, ce n'est pas une mauvaise nouvelle qui l'attend mais au contraire une merveilleuse nouvelle. L'Université de Harvard va le suivre pas à pas et le filmer tout au long de cette journée particulière de sa vie.

Sollicitations médiatiques et visites officielles


Une journée particulière qui se poursuit aussi à l'Isis entre sollicitations médiatiques et visites des officiels : Alain Beretz, président de l'université, Gaëlle Bujean, déléguée régionale du CNRS, Jacques-Pierre Gougeon, recteur d'académie, plusieurs vice-présidents, Jean-Marie Lehn et Jules Hoffmann, les deux prix Nobel, tous défilent dans les murs de l'Isis et échangent avec les membres du laboratoire de Martin Karplus, et avec le directeur de l'institut, Paolo Samori. À 19 heures, le président Beretz et Jean-Marie Lehn sont en direct sur France 3 depuis le hall de l'Isis : ils s'efforcent d'expliquer pourquoi l'Université de Strasbourg peut s'enorgueillir de trois prix Nobel en exercice... Au 6e étage du bâtiment emblématique qui héberge désormais deux prix Nobel, on sabre le champagne. Ce soir, la communauté scientifique fait la fête, touchée au cœur par l'hommage fait à l'un de leurs collègues.

Caroline Laplane

*Institut d'études avancées de l'Université de Strasbourg


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Un reportage d'Utv sur la journée du nouveau prix Nobel de chimie

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L’excellence, une nouvelle fois reconnue pour l’Université de Strasbourg

Le prix Nobel qui vient d’être attribué à Martin Karplus, chercheur passionné, qui a fait le choix d’exercer son activité à la fois au sein d’une unité mixte de l’Université de Strasbourg et du CNRS, et à l’Université de Harvard, est, pour nous, une grande joie et une immense fierté. En votre nom, avec Jean-Marie Lehn et Jules Hoffmann, je lui ai dit un grand bravo. Au-delà de l’honneur qui est fait à ce grand scientifique et qui rejaillit sur l’Université de Strasbourg, cette reconnaissance doit être un encouragement à nous mobiliser pour poursuivre dans cette voie, défendre notre modèle qui fait de l’excellence le substrat, qui par capillarité sert toutes les disciplines non seulement la recherche mais aussi notre mission de formation. Élaborer les connaissances, les transmettre et les faire fructifier, c’est  la raison d’être de l’Université de Strasbourg. Bien entendu, le chemin tracé n’est pas sans difficulté ni embûches mais grâce aux valeurs d’exigence et de solidarité chacune et chacun d’entre nous, qu’il soit chercheur, enseignant-chercheur, personnel ou étudiant, doit se mobiliser dans son travail au quotidien pour réaliser notre ambition : dessiner l’avenir !

Alain Beretz
président de l'Université de Strasbourg

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H. Dreyssé : « Poursuivre une politique de ressources humaines équitable malgré les contraintes financières »

La masse salariale représente aujourd’hui 75% des dépenses de l’Université  de Strasbourg. Or, celle-ci est confrontée à un contexte financier de plus en plus contraint, qui ne facilite pas la gestion des ressources humaines. Une situation qu’on ne peut que regretter mais avec laquelle il faut composer, explique Hugues Dreyssé, vice-président Ressources humaines de l’université, en s’efforçant de rester équitable pour l’ensemble des personnels.

L’université est confrontée à des difficultés financières, comment gère-t-on les ressources humaines dans un tel contexte ?

Il est clair que les contraintes budgétaires pèsent sur la gestion des ressources humaines. Avec  5 200 agents fonctionnaires et contractuels, l’Université de Strasbourg est un gros employeur, qui consacre 75% de son budget à la masse salariale. L’effet de nombre rend toute variation conséquente : par exemple, le "glissement vieillesse technicité"1 augmente mécaniquement la masse salariale chaque année d’environ deux millions d’euros, qui ne sont pas compensés par l’État.
Lors du précédent mandat, nous avons adopté un nouveau régime indemnitaire pour les Biatss2, un référentiel pour les enseignants-chercheurs, une situation clarifiée pour les chargés d’enseignement vacataires, et aussi une convention de gestion des personnels contractuels qui assure, notamment, aux 400 contractuels sur mission permanente de l’université une progression de carrière parallèle à celle des fonctionnaires. Nous sommes la seule université de France à avoir une telle convention. Notre objectif était d’accompagner la mise en place de l’université unique de Strasbourg par une politique de ressources humaines innovante et solidaire et je me félicite du résultat. Mais ces mesures ont un coût, que l’État a peu ou pas compensé, contrairement à ce à quoi il s’était engagé. Ce coût est bien sûr récurrent chaque année. Comme il n’est pas question pour nous de revenir en arrière, cela signifie que nous devons maîtriser la masse salariale en utilisant d’autres leviers.

Quels leviers ?

Il n’en existe pas énormément. Nous sommes contraints de ne pas republier certains postes laissés vacants suite à un départ à la retraite, par exemple. Ainsi, à la rentrée 2013, 19 postes d’enseignants ont été gelés. Nous avons aussi la possibilité d’échanger des postes en jouant sur les catégories : un poste de catégorie A contre deux de catégorie C, ou l’inverse. C’est une possibilité que nous donne la loi sur l’autonomie des universités, et qui permet de répondre à certaines évolutions des besoins. Notre objectif est de ne pas dégrader le potentiel d’enseignement et de recherche de l’université.
Nous avons également mis en place une gestion plus serrée des heures complémentaires d’enseignement qui avaient explosé au lendemain de la fusion.

Dans ce contexte particulier et difficile, quels sont vos objectifs pour le mandat ?
L’objectif principal est de poursuivre une politique équitable, qui ne laisse personne sur le bord de la route, en dépit de ce contexte difficile.
Très concrètement, cela se traduira par un effort pour les agents de catégorie C, un effort de déprécarisation des agents contractuels qui s’appuie sur le dispositif Sauvadet3. Parallèlement, la Direction des ressources humaines a travaillé à un état des lieux des décalages entre grade et fonction qui existent à l’université, dans l’idée de les réduire. La possibilité de permettre à des personnels contractuels de changer de corps sera étudiée.
Concernant les enseignants, nous souhaitons nous intéresser tout particulièrement à leur suivi de carrière, de manière à intervenir si leur déroulement de carrière connaît des difficultés, ainsi que valoriser leur investissement pédagogique. Certains collègues s’investissent beaucoup dans les innovations pédagogiques, même si cela leur prend beaucoup de temps. Il est normal que ceci soit reconnu.
Le développement par la Direction des ressources humaines de la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences est également un objectif. Il doit permettre de favoriser les évolutions des carrières des personnels et de mieux faire coller les emplois aux besoins réels de l’université.
De même, la Cellule d’écoute « bien-être au travail », qui prend en charge les cas de souffrance dans le cadre professionnel, sera confortée. Nous restons attentifs à tous les cas signalés par une voie ou une autre. Enfin, je tiens à redire toute l’importance du dialogue social, qui a été bien développé dans le précédent mandat, mais qui doit rester une priorité pour l’université.

Propos recueillis par Caroline Laplane

1Le glissement vieillesse technicité fait progresser mécaniquement la masse salariale par avancement des agents dans le corps et changement de grade.
2Personnels non enseignants : bibliothèque, ingénieurs, administratifs, techniciens, social, santé.

3La loi de déprécarisation Sauvadet permet et incite à la titularisation de certaines catégories de contractuels de la fonction publique.

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Moïse Sidiropoulos fait salles combles

Récipiendaire du prix Nobel de la paix « transmis » par l'Union européenne, l'économiste Moïse Sidiropoulos a rempli deux amphithéâtres d'auditeurs autour de la question « L'Europe peut-elle sortir de la crise ? ».

Moïse Sidiropoulos est maître de conférences à la Faculté des sciences économiques et de gestion de l’Université de Strasbourg et spécialiste de macroéconomie européenne. En octobre 2012, l’Union européenne a reçu le prix Nobel de la paix pour avoir « contribué pendant plus de six décennies à promouvoir la paix et la réconciliation, la démocratie et les droits de l’Homme en Europe ». Symboliquement, l’UE a « transmis » ce prix à vingt citoyens européens de tous âges et de toutes nationalités. Moïse Sidiropoulos est l’un de ces vingt récipiendaires : il a reçu ce prix pour son implication dans le débat public sur les questions économiques européennes.
C’est cette thématique qu’il a pu aborder, à l’invitation de la Faculté des sciences économiques et de gestion, le 1er octobre dernier devant deux assemblées distinctes : des lycéens, d’abord, puis le grand public en fin d’après-midi.  Sa conférence « L’Europe peut-elle sortir de la crise ? » a fait deux salles combles et suscité de nombreuses questions. À cette occasion, le président Beretz lui a également remis la médaille de l’Université de Strasbourg, ce qui n’a pas manqué de l’émouvoir. Comme quoi, même un prix Nobel « transmis » ne fait pas un chercheur blasé…

C.L.

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Matinale du 27 septembre : les entreprises aiment-elles nos étudiants ?

L’université forme les esprits, mais elle doit aussi former une partie importante des salariés de demain, dans ses filières de formation initiale et aussi de formation continue. Mais quelle est sa crédibilité dans le monde du travail sur cette compétence ? L’université est allée au contact du monde économique pour tenter de le savoir.

Nos étudiants sont-ils bien préparés par l’institution à travailler en entreprise ? Ont-ils une bonne image auprès des recruteurs ? Ont-ils une chance face à ceux qui sortent avec des diplômes de grandes écoles ? D’une manière générale, les diplômes universitaires ont-ils une vraie crédibilité ? Les formations sont-elles adaptées et pertinentes ? L’université est-elle un acteur reconnu en matière de formation tout au long de la vie ? Le président de l’Université de Strasbourg, Alain Beretz, et plusieurs membres de la communauté universitaire, ont rencontré des représentants du monde de l’entreprise au cours d’une matinale au Collège doctoral européen, le 27 septembre dernier afin de débattre de ces questions. Consultant en recrutement, coordinateur d’un organisme financeur de formation, responsable à Pôle emploi, président de la commission formation à la Chambre de commerce et d’industrie, ainsi que deux personnes en reprise d’étude pour reconversion professionnelle ont participé à cet échange. 

Des pistes à creuser

Celui-ci s’est révélé vivant, animé, nourri d’histoires personnelles très différentes (on a appris notamment que deux des représentants du monde économique étaient d’anciens étudiants de l’Université de Strasbourg, avec des parcours assez atypiques). On a pu entendre, que oui, les entreprises aiment souvent nos étudiants, même s’il reste à faire pour mieux promouvoir leurs profils et aussi nos formations dans le monde économique.
« Nous avons dégagé des pistes à creuser, notamment pour améliorer la lisibilité de notre offre de formation afin qu’elle soit plus claire au regard du monde économique », a conclu Alain Beretz qui a rappelé également que les enseignants doivent « s’efforcer de faire le lien entre la connaissance académique et les compétences qu’elle peut donner dans le monde du travail ».

C.L.