Recherche et valorisation
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Le nouveau visage de la recherche strasbourgeoise

La mise en place du nouveau contrat quinquennal au 1er janvier 2013 a largement modifié le paysage des laboratoires de recherche : entre regroupements, créations et éclatements d’unités. Quel est ce nouveau paysage ? Comment se construit la réflexion d’une période à l’autre ? Qu’est-ce qui motive ces réagencements ?

« Depuis la loi relative aux libertés et responsabilités des universités de 2007, il appartient à l’Université de Strasbourg de suivre et d’organiser la recherche au sein de ses laboratoires, en partenariat avec les organismes de recherche », explique Béatrice Meier-Muller, directrice de la recherche. Le vice-président Recherche, en l’occurrence Éric Westhof pour le contrat quinquennal passé, a donc impulsé la réflexion et incité les directeurs de laboratoires à s’inscrire dans la stratégie de recherche définie par l’université. « C’est un processus de longue haleine, puisqu’une proposition de structuration a été soumise au ministère  en septembre 2011, pour une prise d’effet au 1er janvier 2013 ».

Une unité mixte avec une entreprise

Deux grandes nouveautés en 2013 distinguent ce nouveau quinquennal des précédents : une convention signée avec l’Institut franco-allemand de recherches de Saint-Louis, faisant du laboratoire haut-rhinois Nanomatériaux pour systèmes sous sollicitations Extrêmes (NS3E), une unité mixte ISL/CNRS/Unistra et par ailleurs la création de la première unité mixte avec une entreprise, le Centre européen d'étude du diabète !
De manière plus générale, ce nouveau contrat quinquennal compte 81 unités de recherche : 32 dans le domaine Droit, économie, gestion, sciences humaines et sociales, 17 en Sciences et techniques et 32 en Vie et santé. Parmi ces laboratoires, 31 sont des équipes d’accueil, c’est-à-dire des unités propres de l’université, et 42 sont mixtes avec des organismes de recherche. « Contrairement à ce que l’on peut entendre ou imaginer, nos unités propres ne sont pas des laboratoires au rabais. Elles sont pour la plupart très bien évaluées par l’Aéres* et sont de grande qualité scientifique », commente la directrice de la recherche.

Des remaniements en cohérence avec l'intérêt scientifique

« Dans la construction de ce projet, la priorité était de privilégier le développement scientifique mais sans forcer les regroupements de petites unités. » Ainsi, des petites équipes ont été préservées, voire créées. C’est le cas de la nouvelle équipe d’accueil (EA) Stress vasculaire et tissulaire en transplantation : microparticules et environnement. De nouvelles unités aux dimensions humaines plus conséquentes ont néanmoins vu le jour, pour la plupart issus de rapprochement de différentes équipes aux thématiques de recherche convergentes ou complémentaires : par exemple, les unités mixtes de recherche (UMR Unistra/CNRS) Droit, religion, entreprise et société (Dres), ou Sociétés, acteurs, gouvernements en Europe (Sage), le Laboratoire des sciences de l’ingénieur, de l’informatique et de l’imagerie (ICube), ou encore l’Institut de chimie des procédés pour l’énergie, l’environnement et la santé (Icpees). Mais les plus importants remaniements ont surtout affecté le domaine des sciences de la vie et de la santé avec l’éclatement de plusieurs grosses unités de recherche – comme l’ancienne EA Physiopathologie et médecine translationnelle - au profit de création de nouvelles entités (EA ou UMR avec l’Inserm) aux axes de recherche plus ciblés. À titre d’illustration, une nouvelle UMR avec l’Inserm, Biopathologie de la myéline, neuroprotection et stratégies thérapeutiques, est dédiée à l’étude des pathologies neurodégénératives et à la neuroprotection. 
Bien au-delà de ce qui est couché sur le papier, les équipes de recherche évoluent en permanence au gré des nouvelles arrivées de chercheurs, de collaborations qui se nouent et des implications dans des projets d’envergure (ANR, européens, labex, etc.). Le paysage défini par ce nouveau contrat quinquennal n’est qu’une photographie à un instant T de la recherche strasbourgeoise ! Le prochain se profile déjà.

Anne-Isabelle Bischoff

*Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur

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Impact du microenvironnement d’une tumeur dans sa dissémination

4 février 2013 : Journée mondiale contre le cancer

La société de biologie cellulaire de France (SBCF) a récemment récompensé un jeune chercheur strasbourgeois, Jacky Goetz, pour son brillant début de carrière et ses travaux remarquables en biologie cellulaire appliquée, notamment dans le domaine de l’invasion tumorale. Les résultats obtenus au fil des dernières années ouvrent de nouvelles perspectives de diagnostics précoces et pourquoi pas des pistes thérapeutiques.

Dès le début de sa thèse réalisée à Vancouver, Jacky Goetz s’est intéressé aux aspects biomécaniques des cellules, qui sous-tendent leurs mouvements, leurs interactions avec leur microenvironnement et la structuration même des tissus. « En fin de thèse puis lors de mon premier post-doctorat, je me suis focalisé sur la protéine membranaire appelée cavéoline-1 impliquée dans les mécanismes d’adhésions cellulaires, et sur son rôle dans la migration des cellules tumorales »,  précise le jeune chercheur dont l’intérêt depuis toujours est de mieux comprendre le processus d’invasion tumorale. Cette protéine est produite par certaines cellules du stroma, le tissu sain enveloppant une tumeur, appelées fibroblastes. Sous l’action de la cavéoline-1, les fibroblastes se contractent et remodèlent leur environnement en  formant un réseau de fibres rigides et organisées. Sous l’effet de ces changements, les cellules tumorales vont migrer vers les tissus voisins et former des métastases. « Grâce à l’étude de différents modèles de souris, nous avons démontré que plus la cavéoline-1 est exprimée dans le stroma, plus la dissémination tumorale est importante », explique Jacky. 

La cavéoline-1, marqueur de l’agressivité tumorale

Les résultats observés chez la souris ont pu être confirmés au niveau clinique grâce à l’étude d’échantillons de biopsies réalisées sur des patientes décédées de cancers du sein. « Nous avons ainsi pu corréler l’agressivité des tumeurs et la rapidité des décès des patientes au taux d’expression de la protéine dans les tissus sains entourant les tumeurs, souligne le scientifique. Nous avions donc identifié un nouveau biomarqueur permettant un diagnostic précoce de différents types de cancer ».
Depuis fin 2012, tout juste recruté par l’Inserm en tant que chargé de recherche, Jacky a rejoint l’équipe Thérapies ciblées du microenvironnement tumoral1, avec pleins de projets en tête. Ainsi, il étudiera le rôle des forces mécaniques dans la progression tumorale en combinant des approches in vivo, biophysiques et cellulaires.
poisson zèbre adulte, transparent permettant de suivre la progression tumorale in vivoDe manière plus appliquée, le chercheur compte également explorer le potentiel thérapeutique de la cavéoline-1 en ciblant non pas la tumeur mais le microenvironnement tumoral, mais également, mettre à profit les acquis de son deuxième post-doctorat. « Avec Julien Vermot2, j’ai appris à travailler avec le poisson zèbre. Ce poisson transparent est un outil puissant pour suivre l’évolution d’une tumeur ! Il permet une visualisation directe et dynamique des processus tumoraux », s’enthousiasme le chercheur. Grâce au prix de la SBCF et surtout à une subvention de l’Idex de l’Université de Strasbourg, Jacky a embauché un ingénieur et va pouvoir installer une petite animalerie dans son nouveau laboratoire à Hautepierre.

Anne-Isabelle Bischoff

1 Dirigée par Gertraud Orend au sein de l’unité mixte Inserm/Unistra 1109.

2 Équipe Étude des interactions mécanique et génétique lors de la morphogénèse du poisson zèbre - Biologie du développement & cellules souches – IGBMC

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Cyrcé, un nouveau cyclotron pour la recherche médicale

© Nicolas Busser, CNRS, IPHC.

Installé sur le campus de Strasbourg-Cronenbourg depuis juillet 2012, le Cyclotron pour la recherche et l'enseignement (Cyrcé) est désormais opérationnel.

Cyrcé, nouvel accélérateur de particules de l'Institut pluridisciplinaire Hubert-Curien1, a passé avec succès toutes les étapes d'installation et de mise en service. Suite à l'autorisation d'exploitation délivrée fin novembre par l'Autorité de sûreté nucléaire, il vient de réaliser une première production de Fluor-18, radio-isotope couramment utilisé comme traceur en médecine nucléaire. Cette étape valide le fonctionnement de cette installation unique en Europe destinée à déterminer de nouveaux radioéléments pour progresser dans le diagnostic, le suivi des médicaments et la découverte de nouveaux protocoles thérapeutiques, notamment en cancérologie et en neurologie. Ce cyclotron constituera aussi une plateforme unique d'enseignement en radiochimie et instrumentation nucléaire.
Dans le cadre des Investissements d'avenir, Cyrcé complète les plateaux techniques strasbourgeois autour de l'imagerie du petit animal au sein de l'Equipex Transimagin2 et renforce la recherche nationale en médecine nucléaire au sein du Labex Iron3.

IPHC, CNRS/Université de Strasbourg
Coordonné par l'Institut clinique de la souris, l'Equipex a pour objectif de développer l'imagerie translationnelle multimodale et intégrée du petit animal.
Coordonné à Nantes autour du cyclotron Aronnax, le Labex associe 8 sites hospitalo-universitaires. 

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Des hormones pour traiter la sclérose en plaque

©Laboratoire d'imagerie et de neurosciences cognitives (CNRS/Université de Strasbourg)

La testostérone et ses dérivés pourraient constituer un traitement efficace contre les maladies de la myéline telles que la sclérose en plaques.

C’est ce que montrent les travaux réalisés par des chercheurs du Laboratoire d'imagerie et de neurosciences cognitives1 (CNRS/Université de Strasbourg), en collaboration notamment avec l’unité « Neuroprotection et neurorégénération : molécules neuroactives de petite taille » (Inserm/Université Paris-Sud)2. La myéline compose les gaines qui protègent les fibres nerveuses et permettent d’augmenter la vitesse de l’influx nerveux.
Un déficit dans la production de la myéline ou bien sa destruction conduit à de graves maladies pour lesquelles il n’existe actuellement aucun traitement curatif. Les chercheurs viennent de montrer, chez des souris dont les fibres nerveuses du cerveau ont été démyélinisées, que la testostérone et une molécule analogue de synthèse induisent la régénération des oligodendrocytes, les cellules responsables de la myélinisation et stimulent la remyélinisation. Ces travaux viennent d’être publiés dans la revue Brain.

1 Plus précisément l’équipe de Biopathologie et imagerie de la myéline au sein de ce laboratoire.
2 D’autres laboratoires français ont participé à ces travaux de manière moindre, notamment l’unité Physiopathologie et psychopathologie cognitive de la schizophrénie (Inserm/Université de Strasbourg), l’unité Cellules souches et radiations (Inserm/CEA/Universités Paris-Diderot et Paris-Sud), et l’unité Physiopathologie des maladies du système nerveux central (CNRS/UPMC/Inserm).