Focus

La civilisation contre la barbarie

Vendredi 1er novembre, jour de la Toussaint, des tags nazis ont souillé l’espace universitaire sur des bâches tendues pour les travaux dans notre Faculté de droit. Exaltant le nazisme et le suprémacisme blanc, ils ont suscité une vive émotion. Je dénonce avec force cette nouvelle manifestation de l’hydre antisémite et raciste qui poursuit son œuvre nauséabonde. Ces mots de haine sont peints avec des bombes de peinture. Ces mots et symboles sont chargés de haine comme des bombes. Ces actes se multiplient partout en France : particulièrement en Alsace, où ces tags maculent les maisons des élus ou les murs des écoles. Les profanations de cimetières, elles aussi, ajoutent l’odieux au scandale. À l’occasion de la profanation du cimetière juif de Quatzenheim, en mars dernier, j’écrivais ici que si l’antisémitisme manifestait une recrudescence inquiétante en France, il y avait un particularisme alsacien avéré. Je n’en veux pour preuve que l’exaltation du nazisme et les croix gammées que l’on ne trouve guère ailleurs en France. Ce n’est pas manquer de respect pour l’Alsace que de le dire ; le déni serait une injure à tous ceux qui ont été et sont victimes de ces appels à la haine de l’autre. Notre université, enracinée dans l’humanisme rhénan, le respect de chacun et la liberté de conscience, doit porter sur ces actes un regard courageux. Certains débats identitaires exhalent des relents méphitiques et libèrent une parole de haine. Nous devons être intraitables face à l’antisémitisme. L’apport des Juifs à l’Alsace, si riche, si particulier, marque, non sans douleur, l’identité de notre région, tout comme celle de notre université. Ce mot d’Anatole France s’applique particulièrement : « L'antisémitisme, c'est la mort, entendez-vous, de la civilisation européenne ». La civilisation, c’est précisément ce qui s’oppose à la barbarie. L’université de par sa nature, mais l’Université de Strasbourg particulièrement par son histoire et son essence européenne, médaillée de la Résistance, est résolument engagée dans ce combat.

Michel Deneken,
président de l'Université de Strasbourg

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